L'agitation est née en même temps que le jour à Fuikodan. La nouvelle a vite fait le tour de chaque habitation : ce soir, il y aurait une cérémonie pour révéler sa nature à une enfant, la reconnaissant par cet acte adulte. De qui s'agissait-il ? De la petite June, oui, vous savez,  celle qui chasse bizarrement et a tendance à s'isoler dans la forêt. Pas que ce soit un comportement si étrange que ça, d'autres jeunes le font, juste qu'on commence à se demander si ça ne devient pas une mode. Enfin ça n'empêchera pas tout le village d'être présent ce soir et, en attendant, de préparer la fête. Tout comme d'échanger et de parier : alors cette petite, qu'est-ce qu'elle sera ? Une Trakyan ? Une Gardyan ? Ou une simple Normyan ?

La journée se passe et, sous le village suspendu, la grande place est nettoyée de fond en comble. Les pierres entourant l'âtre du feu sont réinstallées correctement et vérifiées pour éviter tout risque d'incendie de forêt. Il y aura des Yans de Feu pour contrôler ces flammes ardentes, mais on est jamais trop prudent. Au loin, à une extrémité de cette place naturelle créée par une clairière, se distingue cet immense arbre au tronc ouvert et, à l'intérieur, le portail permettant de gagner le Temple. Ce n'est pas à l'ordre du jour, non.

D'ailleurs, tandis que la nuit tombe, la population de Fuikodan commence à descendre des arbres, utilisant pour certains les échelles, pour d'autres les cordes et, pour les moins agiles, des plateformes mécaniques. Le chef du village est déjà présent, assis tranquillement dans son siège, entouré de ses conseillers. Rapidement, les habitants se placent autour du feu central qui a été allumé par des Yans, tout comme les grandes torches disposées autour de la place pour que personne ne perde une miette du spectacle. L'ambiance est conviviale, accueillante, cosy pourrait-on dire. Fuikodan est une sorte de grande famille après tout, et tout le monde a hâte de voir ce que va devenir la petite June.

Alors que la nuit prend définitivement la place du jour, du moins pour quelques heures, un silence naturel s'installe dans l'assemblée. Tout est prêt, il ne manque plus que la principale concernée pour commencer.

Ambiance à ouvrir dans un nouvel onglet :
Musique Maestro !

Le brouhaha s'est éteint, la lumière du jour également, et elle sait que tous l'attendent. La tension déjà présente grimpe en un crescendo insoutenable alors qu'elle réalise qu'elle va devoir se présenter devant tous ces gens, tous ces juges, et tous ceux sans opinion qui viennent seulement pour la fête.




Ses parents ont également préparé l’événement, fébriles à l'idée que leur fille unique découvre bientôt son destin. Elle sait que son père sera stoïque, quelque soit l'issue de la décision. Il a toujours été ainsi, imperturbable, semblant affronter d'un même élan les bonnes et les mauvaises nouvelles. Elle a beaucoup calqué sa façon de réagir sur lui, mais ce soir, l'agitation qui s'est emparée d'elle ressemble plutôt au tempérament de sa mère. Sa mère, aussi changeante et lunatique que son père demeurait de marbre, qui l'avait abreuvée au moins un millier de fois des attitudes à avoir, respect, politesse, courtoisie envers les anciens... June savait que c'était sa manière à elle de prendre soin de sa fille, bien qu'elle s'en défende en arguant que sa progéniture devrait « faire honneur à la famille ». Ce n'est pas parce qu'elle est issue d'une famille majoritairement composée de normyans qu'elle pouvait se comporter n'importe comment. Au contraire. Sa mère nourrissait une curieuse idée de la rigueur morale que devaient posséder les normyans, bien au-delà des autres castes. Peut-être une façon pour elle de se sentir supérieure à son classique destin d'épicière.

En attendant, ses parents avaient préparé un festin et longuement cuisiné pour assurer la fête, peu importe l'issue de la cérémonie. Cette occasion d'être sur le devant de la scène les avait tous rendus anxieux, et aujourd'hui June espérait seulement que personne ne se rendrait malade avec la montagne de mets préparés à l'épicerie. Elle avait encore mal aux doigts à force de rouler des sablés à la cardamome, et les odeurs d'épices lui restaient dans le nez.

Respirant à fond, June tenta de chasser ces idées de sa tête et de prendre son aplomb. Ce soir, elle allait se démarquer de ses parents et prendre en main son propre destin. Elle a longuement travaillé pour cela, elle a prié avec ferveur l'Energie Kyan de lui accorder le destin de Trakyan ou de Gardyan bien que le premier lui semble plus accordé à son envie d'aventure. Elle a déjà vu l'esprit du Cerfyan de Fuikodan, et elle tremble d'un mélange d'excitation et d'appréhension. Dans son souvenir d'enfant, il mesurait quinze mètres de haut et possédait des yeux rougeoyants hypnotiques.

Elle se redresse et rajuste sa tenue. Pour l'occasion elle a choisi son cuir le plus ancien, réparé de tressages végétaux et brodé de plumes, de perles de bois lustré qu'elle a taillées elle-même, et elle a pris sa cape caméléon, un large tissu constellé de formes aux couleurs de la forêt dont elle aime s'envelopper quand elle guette à l'affût. Ses bottes souples et ses gants clairs ne l'ont pas quittée, pas plus que sa ceinture à équipement pourtant allégée pour l'occasion. Elle a conservé sa tête libre de tout ornement, à part les traits incurvés qu'elle aime dessiner sur ses joues. Elle aime le sentiment d'être unique que cela lui procure.

Enfin, elle se décide et s'avance, quittant l'ombre moirée de la canopée. Elle s'avance dans la lumière des torches rutilantes, qui aussitôt dessinent à partir de sa silhouette fluette des ombres fantasques, immenses et maigres, qui dansent sur l'espace dégagé au centre du village et s'étendent sur la foule dense rassemblée en cercle. Elle s'approche du feu, le menton haut, droite, s'efforçant silencieusement de ne pas trembler, de ne pas trébucher. Elle se présente devant le chef du village comme une adulte qu'elle devient en ce jour, fière de gagner enfin son indépendance.

A l'instant même où June est révélée par les lueurs des torches, un intense silence s'installe. Ca y est, la cérémonie va pouvoir commencer. Chacun observe l'enfant qui sera bientôt une femme, qui va rencontrer le grand Cerfyan pour la première fois en face à face, et qui, peut-être, verra toute sa vie chamboulée. Mais pour le moment, tout est calme alors qu'elle s'avance vers le chef du village. Celui-ci attend qu'elle s'arrête et lui adresse un léger sourire, discret mais chaleureux, encourageant. Puis il se lève et fait un pas en avant, afin d'être juste devant elle.

- Comme tu as grandi, June Selidar. Ainsi que le Kyan l'a décidé, dans quelques instants tu ne seras plus une enfant. Es-tu prête à accepter ton destin ? Es-tu prête à rencontrer le grand Cerfyan et à assumer son inaltérable décision ?

La voix du chef est douce, bercée par le crépitement des flammes. Ses paroles sont importantes, elles résonnent dans le silence de la forêt, mais elles restent également apaisantes. Il veut que la petite June soit pleinement consciente de l'importance de cet instant, tout comme il souhaite qu'elle le vive pleinement, sans angoisse ni stress, simplement en acceptant d'être guidée par le Kyan. Cela n'arrive qu'une fois après tout.

June ouvre la bouche et la referme, surprise. Elle veut l'affirmer, qu'elle est prête, que tout son corps ne tend qu'à cela, mais sa gorge est serrée et elle a peur de coasser au lieu de s'exprimer clairement. Elle ferme les yeux, respire doucement. Ressent la chaleur du feu près d'elle, le froid de la nuit du côté opposé. Sent les odeurs de la foule, des torches huilées, de la cuisine de ses parents qui attend les festivités non loin, et entend le bruissement de la brise plus loin, les craquements du bois tout près. Comme si elle avait besoin de graver cet instant en elle-même, par tous ses sens.

Recentrée, déterminée, elle ouvre enfin les yeux et énonce d'une voix claire et parfaitement articulée :

- Oui, je suis prête.

Compréhensif, le chef du village attend patiemment. Si la question semble anodine, elle renferme en réalité tellement de possibilités qu'il est normal d'avoir besoin d'un temps pour y répondre. Après tout, certains jeunes sont tellement angoissés qu'ils n'y arrivent tout simplement pas et qu'il faut les accompagner davantage tout au long de la cérémonie. C'est rare, mais ça arrive. La foule autour est silencieuse, respectueuse, attendant avec une certaine fébrilité la suite. Pour eux aussi, c'est l'occasion de voir ou revoir le grand Cerfyan, ce qui est toujours un moment d'émotion.

Ca y est, June s'est reprise et a pu répondre clairement à la question, faisant légèrement sourire le chef.

- Très bien.

Il s'éloigne quelque peu du ventre de la place. Tournant le dos au feu, il fait face à la forêt. Sans un mot, la foule s'écarte, laissant un large chemin d'accès entre les profondeurs des bois et le chef du village. Celui-ci observe sereinement les reflets des flammes sur les troncs, leur portée limitée qui rend petit à petit le contrôle à l'obscurité. Puis il redresse la tête et, sans crier, laisse résonner sa voix à travers les feuilles frémissantes.

- Ô grand Cerfyan, protecteur du village, incarnation de la volonté du Kyan, nous t'appelons en ce soir si particulier pour accomplir le destin de June Selidar. Viens à nous comme tu l'as toujours fait, aide-la à prendre conscience de ses capacités et à devenir pleinement adulte. Permets-lui de servir le Kyan comme nous le faisons tous de la meilleure façon qui soit et que tu lui révéleras.

Le chef s'arrête ici, jugeant qu'il n'y a pas besoin de plus. Il a confiance dans le Kyan et le grand Cerfyan, il sait que le message est passé et qu'ils lui répondront. D'ailleurs, toujours dans le silence le plus complet qui soit, alors que le bruissement des feuilles s'arrête et que même le frémissement des flammes s'est calmé, un bruit léger provient des profondeurs de la forêt. Lentement, majestueusement, une silhouette se dessine petit à petit dans la lueur des torches. Un regard vif et intelligent, posé sur une tête massive soutenue par un cou impressionnant, bordé de fourrure lumineuse, qui donne sur un corps impressionnant dont certaines parties sont recouvertes d'écailles de roche très solides que rien ne peut percer.

Sortant de l'obscurité, le grand Cerfyan se dresse dans la lueur des flammes. Ses bois impressionnants dessinent des motifs ancestraux au dessus de son crâne, semblant faire vivre le Kyan à travers leurs courbes. Lentement, tranquillement, il s'approche du chef du village et s'arrête devant lui. Entre eux, un échange silencieux se fait. L'homme lève une main vers le Yan et celui-ci tend son cou pour recevoir une légère caresse sur le bout du museau. Ceci fait, le grand Cerfyan redresse la tête pour poser son regard sur June Selidar et fait un pas vers elle.

Hypnotisée, June ne parvient pas à détacher son regard du majestueux Cerfyan. Il est encore plus immense que dans son souvenir, des andouillers semblent acérés, son poitrail puissant et son regard...

Elle se laisse envoûter par la magie de cet instant et tremble légèrement. L'appréhension en elle s'est muée en quelque chose de plus profond, sauvage, instinctif. Son sang bat à ses oreilles comme un tambour, un air vieux comme le monde, qui l'exalte.

Cela lui semble... juste. Cet instant est juste, il est parfait, il s'imbrique parfaitement entre tout ce qu'elle a vécu jusqu'à présent et tout ce qu'elle espère vivre à l'avenir. Elle tremble encore, mais c'est l'excitation qui la gagne, une sorte de fébrilité, d'agitation qui secoue son diaphragme comme si elle allait exploser de rire. Elle a envie de rire et de courir, et se retient sans peine car l'instant est trop magique pour qu'elle le brise. Elle voudrait qu'il dure, indéfiniment.

Une énergie si pure entoure chaque trait du Cerfyan. Éblouissant, il s'approche d'elle, et elle oscille, prise dans l'étau d'envies si contraires qu'elle ne sait comment réagir. Elle voudrait reculer, car il est si immense... Et elle voudrait approcher, le toucher, fascinée par la blancheur de cette fourrure si drue...

Son odeur musquée si semblable aux coulées laissées en forêt par ses pairs, tellement difficiles à suivre, l'environne.

Elle plonge son regard dans les yeux liquides et immenses du Gardien de Fuikodan.

Et elle sourit.

L'immense Cerfyan observe celle qui ne sera bientôt plus la petite June. Son aura est à la fois écrasante, emplie de puissance, mais également paisible et sereine, en harmonie totale avec le monde qui les entoure. La forêt semble respirer avec lui et réagir à chaque mouvement, aussi discret fut-il. Ses yeux, d'un doré intense, rencontrent ceux de la future adulte. Ils brillent légèrement, ne laissent pas transparaître la moindre émotion, si ce n'est un calme assuré. Est-il satisfait de ce qu'il voit ? Heureux ? Déçu ? Impossible à dire. La seule chose certaine est que ces océans d'or semblent transpercer l'âme de June et y lire tout ce qu'elle contient.

Passé, présent, futur.

Ambitions, rêves, émotions.

Et dans tout cela, l'energie du Kyan qui crée et fait évoluer toute chose. Son aura, couplée à celle du grand Cerfyan, semble envelopper l'enfant sans pourtant que rien ne se voit. Est-ce une illusion ? Impossible à dire, cela paraît tellement réel et puissant.

Est-ce que cela dure à peine quelques secondes ? Une seule ? Davantage ? Une minute ? Des heures ? Une éternité ? L'instant paraît gravé à jamais dans le Kyan, instant dont personne ne pourra jamais se défaire. Cela se passe entre June et le grand Cerfyan, plus rien n'a d'importance autour, et pourtant la forêt tout entière semble retenir son souffle, attendant le verdict. Distante et pourtant présente, la foule s'est muée en une seule entité, suspendue par l'incertitude de l'avenir de June. Les Gardyans et Trakyans ressentent de plus belle cette énergie à l'oeuvre et s'en imprègnent même à distance.

Quand une éternité s'est écoulée, à moins que ne soit qu'une seconde, le grand Cerfyan baisse la tête vers June sans la lâcher des yeux. Et il se met alors à émettre un grondement sourd. Se penchant légèrement, il avance ses terribles bois acérés qui, d'un seul mouvement maîtrisé, pourrait la trancher en 2.

[Ambiance !]

Interloquée, la jeune fille voit son moment prendre fin lorsque, en un lent glissement de son interminable cou, le Cerfyan baisse la tête.

Elle demeure figée, et elle met quelques instants à comprendre d'où provient le sourd grondement qu'elle entend, qui emplit son espace et affole ses sens. Son cerveau reptilien l'informe d'une menace grandissante, imminente, bien trop proche et elle esquive un mouvement de fuite.

Le Cerfyan a baissé la tête et s'est mis en position d'intimidation, celle qui précède la charge d'un importun venu pénétrer son territoire.

Dans la forêt, la seule réponse valable en tant qu'humain désarmé, faible ou en minorité serait de reculer et de quitter la zone le plus rapidement possible tout en conservant un contact visuel avec le yan. Mais elle n'est pas dans la forêt...

Elle est là pour s'affirmer et prendre sa place parmi les adultes de Fuikodan. Le Cerfyan est là pour l'aider à prendre cette place.

Il s'agit d'un spectacle, d'un rituel de passage. Elle sait tout cela et pourtant son coeur bat la chamade, son cerveau lui hurle de ne pas rester là, de fuir, de se protéger de l'ire du fabuleux yan. Rester c'est la mort. Tes chevilles doivent bouger tes genoux doivent plier tes pieds doivent pivoter et ton échine se courber... Tu DOIS fuir !




Elle avait reculé, elle avait plié les genoux, courbé l'échine. Face au yan mythique, elle semblait ridiculement petite, sombre et maigre, mais elle se redressa et se remémora tout ce qu'elle avait vu, su et vécu pour trouver en elle sa réponse à elle, qui ne serait celle d'aucun ou d'aucune autre.

Lentement, réfléchissant à chacun de ses gestes, elle vint reproduire la posture du yan en une sorte de salut cérémonieux, tête baissée, jambes croisées, les bras écartés mimant la majestueuse ramure. Dans la forêt, c'est ainsi qu'elle avait vu un jeune cerfyan accepter le défi d'un mâle dominant plus âgé, chaque yan semblant s'accepter comme adversaire valable avant que ne retentisse le fracas des bois se heurtant, avant que ne débute la danse parfois mortelle des mâles à la saison des amours.

Le grondement sourd du grand Cerfyan laisse présager qu'il est capable de bien plus. Son énergie ondule autour de lui, prête à frapper en même temps que son corps. Un Yan capturé ne peut pas faire de mal aux humains, seulement quelques petites égratignures ou morsures légères, mais rien de plus. Le grand Cerfyan n'est plus un Yan capture, il est donc tout à fait apte à déchiqueter June avec ses bois si l'envie lui prenait. Et pourquoi pas ?

Jusqu'à présent, il n'y a pas d'incidents connus qui se seraient produits lors d'une cérémonie, mais qui sait ? Cette tradition existe depuis des temps immémoriaux, on ne sait pas tout, et les anciens seraient capables de dissimuler ce genre de choses pour éviter la panique. Les voies du Kyan sont impénétrables, personne ne peut prévoir ses desseins.

Sous la puissance du grand Cerfyan, la petite June recule légèrement, son corps réagissant instinctivement à la menace. Mais cela ne dura pas et son échine ployée en profita pour mieux se redresser, partant de plus bas pour atteindre le sommet. Certes, face à l'immense Yan ce n'est pas grand-chose, tout au plus lui arrive-t-elle au milieu du poitrail, et encore. Mais le geste est là, le mouvement est perçu et compris.

L'assemblée observe curieusement l'attitude de leur progéniture. Etranges gestes que voilà. Certains, chasseurs, y voient l'analogie naturelle, d'autres sont simplement sidérés qu'elle ose encore bouger face au grand Cerfyan. Mais tout ce qu'eux peuvent croire ou penser n'a aucune importance ici. Le monde s'est réduit à l'espace occupé par les deux acteurs principaux de ce spectacle : le Yan et l'humaine. Plus rien n'a d'importance autour d'eux, plus rien ne les atteint.

Face à ce comportement, le grand Cerfyan avance d'un pas, son sabot produisant un léger bruit mat qui semble résonner dans toute la forêt. Son grondement s'intensifie, s'élevant comme un chant guerrier, et il projette subitement ses bois dans un mouvement beaucoup trop rapide pour qu'on le capte avant qu'il ne soit trop tard. Il arrête la courbure mortelle de sa ramure juste sous la tête de June, la frôlant. Le très léger duvet recouvrant ces attributs acérés vient lui chatouiller la gorge. Le temps se suspend durant une nouvelle éternité, mais en réalité ce n'est qu'une micro-seconde qui s'écoule avant que le grand Cerfyan ne se redresse et recule en arrêtant de gronder.

Plus aucun bruit ne règne désormais ici. Pas un bruissement de feuilles, pas un frémissement de flammes, pas un craquement de bois, aucun cri de Yan sauvage même lointain ne retentit.

Tout s'est suspendu dans la forêt.

Le temps d'un clignement d’œil.

Elle aurait pu mourir, elle aurait dû mourir, et elle le sait.

Dans la forêt, sa témérité lui aurait coûté la vie et elle en est consciente. Elle a rassemblé tout son courage pour demeurer droite face au gardien de Fuikodan, pour montrer sa détermination et sa volonté en osant le saluer en égale, et elle sait qu'il a compris.

Elle sait aussi que ce geste qui aurait dû lui être fatal était un avertissement.

Bien sûr, il l'a mise en garde contre une trop grande confiance en soi, il lui a rappelé la toute-puissance de la forêt, du Kyan. L'ambition ne doit pas se substituer à l'écoute de l'instinct, au respect de la nature et des êtres vivants quels qu'ils soient.

Son geste à elle était symbolique, il lui a rendu la pareille. Nouée par l'émotion, la respiration laborieuse, elle a fermé les yeux et a tâté délicatement sa gorge, repris son souffle. Elle n'a même pas eu le temps, le réflexe de tomber. Il est là, superbe, de nouveau intouchable et fier. Et elle est vivante, ce qu'elle prend pour sa plus grande victoire.

Alors, pour montrer qu'elle a compris, qu'elle voulait juste faire passer son message mais n'entend pas se comporter comme un chasseur trop orgueilleux et sans cervelle, elle rassemble ses pieds joints, croise ses mains...

...Et se fend d'un profond salut face au Cerfyan.

L'éventail de ses cheveux noirs se déplie et lui cache la scène, la foule, tout. Elle est vulnérable dans cette position, mais elle exulte intérieurement. La richesse de cet instant lui ouvre des perspectives ahurissantes où se mêlent chasses plaisantes et échanges profonds avec les yans et l'âme de la forêt, longues courses sur les sommets et panoramas étonnants des territoires qu'elle n'a jamais visités mais imagine parfois. Enfin, elle va pouvoir vivre pleinement ce à quoi elle aspire. Elle a déjà vu de semblables cérémonies, jamais pareilles et pas une semblable à la sienne, ce qu'elle vit comme un privilège exclusif. Elle sait ce qui survient, sans parvenir à s'en persuader complètement. Elle a pris des risques, mais choisi dès le départ de les assumer, peu importe les conséquences.

Et elle sera Trakyan.

Immobile, attentif, le grand Cerfyan observe la jeune June prendre conscience de... de quoi exactement ? Un simple message ? Non, certainement pas. Cela va bien plus loin qu'une petite esbroufe. C'est le Kyan qui s'exprime à travers le Yan, qui fait connaître sa volonté, mais également les possibilités infinies que réserve le monde à cette enfant désormais devenue adulte. Et il l'a fait parce qu'il sait qu'elle comprend. Cela restera ancré dans son esprit jusqu'à la fin de ses jours, et lui rappellera continuellement ses devoirs comme les conséquences de sa nature désormais révélée à tous. Peut-être était-ce son rêve, peut-être pas, mais devenir, non, être Trakyan comporte autant son lot de joies, de découvertes et d'émerveillements comme d'épreuves, de douleurs et de responsabilités à assumer. Mais cela, June le découvrira bien assez tôt.

Alors qu'elle bouge, prenant une nouvelle position bien différente de la dernière, s'exposant totalement, le grand Cerfyan hoche légèrement la tête, acceptant le salut. Puis, dans un mouvement lent et très souple, il se détourne. Quelques pas masjestueux et le voici à nouveau devant le chef du village, resté immobile et serein. Une nouvelle fois, un échange silencieux semble se créer entre eux, comme 2 vieux amis qui ne se seraient pas vus depuis un moment. Nul besoin de mots pour communiquer, les regards et le Kyan qui les entoure, et fait partie d'eux, suffit. Le chef a un léger sourire discret, puis un hochement de tête. Le grand Cerfyan secoue légèrement sa crinière, puis se remet en route. Lentement, sans se presser, il s'éloigne de la place et se fait engloutir par les ténèbres de la forêt.

Dans un silence total, quelques petits bruits reprennent alors vie. Les flammes des torches se remettent à crépiter, d'abord timidement, puis de plus en plus fort. Quelques insectes reprennent leur chant nocturne et les feuilles des arbres bruissent à nouveau. Pourtant tout semble différent. Ces sons de la nature ont changé, bien que ce soient les mêmes. Ils se sont harmonisés, s'accompagnent désormais, comme si toute la forêt souhaitait la bienvenue à sa façon à l'arrivée de cette nouvelle Trakyan.

Avec une démarche qui pourrait faire penser à celle du grand Cerfyan, le chef du village se rapproche de June et s'arrête devant elle. Les mains croisés dans le dos, le regard bienveillant, il l'observe un instant avant de parler.

- Ainsi, June Selidar, désormais tu seras une Trakyan. Comptes-tu assumer ton destin dès à présent ?

La réponse semble évidente à la foule qui s'est mise à trépigner légèrement. La fête s'annonce grandiose et chacun a maintenant hâte de pouvoir aller féliciter la nouvelle adulte avant de s'amuser jusqu'au bout de la nuit, tous en communion avec le Kyan.

Elle se recueille, quand le moment parfait prend fin. Comme dans un rêve, l'ongulé magnifique s'écarte, s'éloigne, et la vie revient, plus ample et plus profonde, plus réelle et moins magique.

June se secoue mentalement, laissant son regard suivre la sente fugace que laisse le Cerfyan derrière lui. Comme toute habitante de Fuikodan elle savait l'importance de ce moment et son poids sur la vie de chacun, mais elle n'avait pas imaginé ce côté onirique du rituel qui la laissait un peu hébétée. Le chef du village se rapproche et lui parle, elle observe ses lèvres et les sons qu'elles produisent mais met un temps avant que son cerveau ne lui communique le sens des mots qui ont été prononcés.

Si elle comptait assumer son destin de Trakyan... son coeur fait un bond.

Alors elle lève la tête et un sourire illumine son visage.

- Avec joie !

La foule n'a d'yeux que pour June tandis que le chef attend la réponse à sa question. Certains ont déjà répondu non, ayant besoin de temps pour se remettre de leurs émotions, ou ayant simplement d'autres projets de carrière à assumer avant de penser à en changer. Même s'il y a toujours eu une petite déception à l'annonce de ce genre de décisions, les habitants ont appris à les respecter, espérant voir la remise du premier Yan un autre jour. Mais là, connaissant la demoiselle, peu de personnes croient qu'elle va décliner ses responsabilités.

Dans un silence beaucoup plus décontracté, le chef laisse la nouvelle adulte prendre le temps de remettre ses pensées en place avant de finalement se rendre réellement compte de ce qui s'est passé et de ce que la question signifie. Lorsqu'elle répond, l'homme a un petit sourire, absolument pas surpris.

- Ainsi tu as choisi d'assumer ton destin de Trakyan dès ce soir. Ou plutôt dès demain, car ce soir, tu devras surtout assumer d'être le centre de toutes les attentions.

Conservant son petit sourire, le chef glisse une main sous sa tunique et en ressort une petite bourse. Il l'ouvre et en prend un Rubis étincelant dans lequel le pouvoir du Kyan semble résonner, associé à celui d'une timide présence.

- Voici le premier compagnon que Fuikodan t'offre avec joie. Prends en grand soin, entraîne-le, et surtout travaille de concert avec les Gardyans pour que sa santé soit toujours resplendissante.

Il lui donne délicatement le Rubis habité par une petite créature poilue, impatiente de sortir pour découvrir à qui elle va être liée.

- Enfin le village t'offre également ces Arkyans pour te permettre d'effectuer tes premières captures. Utilise-les avec sagesse et... Et maintenant faisons la fête par Kyan !

Le chef lui donne la bourse, puis lève la main en riant de bon coeur. Le cérémonial, ça va bien un temps, mais maintenant il faut passer aux festivités ! La foule laisse éclater sa joie, les gens crient, sifflent, applaudissent, et rapidement viennent se précipiter sur June pour la féliciter. Le chef quant à lui recule pour la laisser profiter pleinement de ce petit moment de gloire. Il a fait son travail, il en est satisfait, et une nouvelle Trakyan est née ce soir. Quoi de plus beau pour son village ?

[Fin de l'intervention PNJ, vous pouvez maintenant profiter de la fête comme bon vous semble ! Amusez-vous bien, et précisez juste quand vous quittez le RP pour qu'il soit verrouillé ensuite ^^]

C'est la fête !

Emue, June accepte le rubis sans mot dire. Elle en a déjà vu des comme ça, mais jamais d'aussi beau. C'est totalement subjectif et elle l'assume complètement. L'euphorie commence à l'emplir en lames de fond qui la secouent alors qu'éclatent autour d'elle les cris et les applaudissements. La joie...

Elle ne voit que des visages réjouis, elle a l'impression que son angle de vision s'est réduit et que ses oreilles n'enregistrent aucun son distinct, juste un brouhaha de cris et de rires sans sens. Elle rit aussi, et parle fort, sans se souvenir de la moindre des paroles qu'elle prononce. Sa mère pleure, elle frotte son nez un peu rouge, et la prend dans ses bras en l'appelant "ma petite fille" sans parvenir à dire autre chose. Son père est fier et rit aux paroles des gens, il se tient droit, les mains aux hanches, comme elle l'a connu du temps où il n'avait pas le souci perpétuel de l'épicerie à faire tourner. Elle pensait leur faire de la peine si elle se révélait autre chose que Normyan, ce qui l'obligerait à quitter le travail à l'épicerie, mais elle s'aperçoit qu'au contraire, ils sont fiers d'elle et cela lui donne une larme à l'oeil qu'elle cache bien vite pour répondre aux gens qui l'interrogent et la félicitent. Si elle n'a pas eu peur ? Oh, si, son coeur s'est arrêté un instant ! Comment fait-elle pour avoir autant de cran ? Elle avait un objectif qui l'aidait à se surpasser, voilà tout. Ce qu'elle allait faire maintenant ? ... La fête pardi !

Elle aperçoit Ainas qui est resté un peu au-delà de la liesse. Elle sait qu'il n'est pas du genre à sauter dans les foules, mais elle a vraiment envie d'aller lui parler ! Eh pourquoi pas ?

- Excusez-moi je vous prie...

Elle se glisse au milieu de la foule, dispensant encore un sourire ici, une accolade là, et saute sur son ami pour le serrer dans ses bras !

- Ah, tu étais là ! Tu as vu ? Je suis une Trakyan moi aussi ! Mon rêve s'est réalisé ! On va pouvoir partir chasser et découvrir des tas de choses plus loin que Fuikodan et puis j'ai mon Yan, déjà ! Je languis trop de le voir ! Si ça se trouve, c'est aussi un lapyan, comme toi ? ... Je suis trop contente que tu sois là ! HIIIIII !

Ce n'est pas son habitude de parler autant et de se montrer si fébrile, si "fifille" dans ses gestes mais June ne parvient tout simplement pas à retenir le flot de paroles qui engloutit le pauvre Ainas. Elle sait qu'il la comprend mieux que personne car il connaît sa famille et qu'il est son ami, depuis longtemps. Il ne l'a sans doute jamais vue dans un tel état de surexcitation. Elle sautille inconsciemment et ses yeux brillent comme deux escarboucles, alors qu'elle ne lâche pas son Arkyan et le regarde souvent. On dirait qu'elle n'a pas encore totalement réalisé ce qui vient de se produire et qu'elle flotte encore dans l'instant, incapable d'y croire.

June écarquille les yeux puis reconnaît la nouvelle arrivante. Il faut dire qu'avec ses cheveux et la notoriété de sa famille, il est difficile pour Shanka de passer inaperçue. Surtout avec une cheniyan en plein repas sur son épaule qui arrive malgré tout à prendre un air intimidant.

- Merci, Shanka c'est ça ? Tu est gardyan, non ? Ça ne s'entend pas du tout...

Elle s'esclaffe et tape sur l'épaule d'Ainas comme si c'était la meilleure blague du monde. L'euphorie, une drogue ? Nooooon...

- Tu devrais goûter la terrine de ma maman, c'est la meilleure du monde ! Non, sans blague, je ne suis pas du genre à maltraiter n'importe quelle bestiole que ce soit. A vrai dire je les préfère même en pleine nature, les observer évoluer dans leur milieu, mener leur vie sans entraves...

Elle redevient sérieuse, son regard se perdant au loin un instant.

- Devenir Trakyan, c'est davantage un moyen qu'un but pour moi. Lier un lien plus fort avec ces êtres magnifiques, et les libérer après avoir vécu un beau temps de coopération ensemble... Et voyager pour les découvrir, mieux les connaître...

Son regard revient sur ses interlocuteurs, et elle montre son rubis rutilant, englobant Helanix et la cheniyan dans sa réflexion.

- Vous ne vous êtes jamais dit que les yans étaient plus purs, plus sincères que certains humains ? Je ne sais pas pourquoi on a acquis une sorte de domination sur ce monde, mais je suis persuadée que s'éloigner de la nature, c'est perdre notre identité première...

June écoute Ainas avec le sourire, et Shanka en hochant la tête.

- C'est intéressant d'avoir un point de vue de gardyan. Ceci dit, quand je parle de relâcher un yan, c'est une idée que je me suis faite, je sais encore si peu de choses... Je n'abandonnerais jamais un yan devenu inadapté à sa vie en pleine nature ! Du moment qu'ils sont heureux...

Elle observe Magite qui boude, si "humaine", et qui s'est si bien trouvée avec sa gardyan dont elle semble être proche de caractère. Puis Helanix, discret mais tranquille, près de son maître. Sont-ils ainsi car ils s'adaptent à leur possesseur ? Leur tempérament propre trouve-t-il sa pleine mesure avec un humain, sont-ils mieux ainsi ou mieux dans leur environnement naturel ? Ça fait partie des interrogations existentielles de la vie auxquelles il faudra répondre avec l'expérience.

- Sont-ils plus heureux avec nous que sans ? Peut-être ne sont-ils pas tous semblables... En tout cas, si je parviens à avoir le même degré de compréhension avec mes futurs yans que vous, je pense que je leur demanderais, tout simplement... à eux de faire le choix pour leur vie. Je me sentirais coupable de leur imposer un chemin qu'ils n'auront pas décidé.

Elle lève la tête en riant.

- Curieux pour une trakyan, non ? Je devrais surtout rêver à tous les yans que je vais pouvoir capturer, connaître et apprécier, au lieu de philosopher ! Et rêver à ces endroits sauvages plein de yans qui n'en ont rien à faire des humains, ça doit être... rafraîchissant !

En entraînant ses amis vers le buffet (il commence à faire faim !) elle continue à parler tout en piquant quelques toasts sur une assiette.

- Tu as déjà un ou une Lié(e), Shanka ? Je connais peu de gardyans et d'après ce que j'ai entendu dire, c'est très important de bosser ensemble, trakyan et gardyan ! Ainas n'a toujours pas trouvé le ou la sienne, non plus. Je suis sûre que ça va être un bavard ou une bavarde ! Il est trop calme ! ça sera drôle !

Elle pouffe de rire en se moquant gentiment d'Ainas et tente de manger délicatement un toast en même temps, ce qui donne un rendu plutôt comique.

En écoutant les réponses de ses amis avec attention, June n'en dévore pas moins les mini-sandwiches à sa portée. Un bon verre de jus de fruits en prime ! Ça c'est la vie !

Elle comprend la répulsion de Shanka à l'évocation de la libération des yans, qu'elle a pris comme un abandon. A les voir si proches, elle et Magite, c'est vrai qu'on imaginerait mal les voir séparées. La communication avec les yans leur paraît si aisée... Elle contemple son arkyan à la demande de Shanka.

- Je ne sais pas du tout, et je languis de le savoir... mais je me vois mal le libérer là au milieu ! Peut-être au calme, après la fête ?

Elle n'ose pas le dire, mais elle stresse à l'idée que ça ne se passe pas parfaitement bien. Observer les animaux dans leur milieu naturel, c'est une chose... mais s'occuper d'un yan, de ses besoins, et le rendre heureux en captivité... Pourquoi est-ce que ça la dérange autant ?

Elle chasse cette idée de sa tête et se concentre sur la fête. Quelque chose lui revient en tête, à propos des Liés. Shanka a l'air très déçue de sa situation à ce sujet, son Lié a l'air d'être une personne détestable. Elle ne connaît pas vraiment de personnes travaillant activement avec un Lié, aussi c'est timidement qu'elle avance :

- Mais si c'est ton Lié, c'est que le Kyan vous a choisi pour une raison particulière, non ? Peut-être que tu as des choses à lui apprendre et à apprendre de lui, mais pas seulement sur le plan des yans ? Au niveau caractère, ou social, ou... je sais pas moi... Il doit bien avoir des qualités quelque part...

Elle est triste pour sa nouvelle amie, et ne peut s'empêcher d'espérer ne pas découvrir son ou sa Lié(e) trop vite. Juste être libre de faire ce qu'elle veut, pour l'instant...

- Vous m'aiderez à m'entraîner ?

C'est sorti tout seul. Elle comptait déjà demander à Ainas, mais Shanka a l'air sûre d'elle et s'entraîner avec des yans différents est sûrement une bonne chose. June se mord la lèvre : elle a oublié si le fait de s'entraîner avec d'autres que son Lié pourrait causer des ennuis à Shanka. C'est sûr, elle a encore de nombreuses choses à apprendre.

La soirée avance tranquillement, et les gens partagent et festoient dans la bonne humeur. Les trois amis ne sont pas en reste, conversant en terminant les plateaux méthodiquement, jusqu'à ce que les parents de June commencent à remballer la vaisselle et à vider les tables, sa mère lui signifiant d'un geste de la main de déguerpir, en disant qu'elle avait assez mangé pour ce soir et tous ceux de la semaine d'ailleurs.

En quittant ses amis sur le chemin de sa maison, June est à la fois exaltée et songeuse. Elle tient à découvrir son Yan en de bonnes conditions, et réfléchit au fait que ces yans-là, ceux de la communauté, semblent bien différents de ceux qu'elle a croisés à l'état sauvage. Elle a entendu parler du tournoi, et décide d'aller voir quelques matchs, au moins ceux d'Ainas et Shanka. Elle a convenu de s'entraîner avec Ainas, qui pourra sans doute lui apporter beaucoup d'informations, étant issu d'un gardyan et d'une trakyan. Et peut-être même, a-t-il dit, qu'ils pourraient faire un tour en forêt bientôt. Selon comment elle se débrouillerait.

Une sacrée journée se termine, et un nouvel horizon s'est ouvert.

FIN DE LA CEREMONIE